Une vie dédiée à l'aide humanitaire

L'histoire de Marianne Colpaert, 38 ans responsable de collecte de fonds chez Médecins Sans Frontières

Après une carrière impressionnante de près de quatre décennies chez Médecins Sans Frontières (MSF), Marianne Colpaert s’apprête à prendre sa retraite. En tant que responsable de la récolte de fonds, elle a été témoin de l’évolution du secteur et a joué un rôle crucial pour garantir les bases financières des missions vitales de MSF. Nous avons rencontré Marianne pour parler de ses débuts, des défis et des jalons marquants, ainsi que de l’avenir de la récolte de fonds. Voici un retour sur sa carrière inspirante.

Un début fortuit guidé par un grand cœur

Marianne Colpaert squareMarianne a rejoint MSF en 1988, attirée par la mission humanitaire de l’organisation. Bien qu’elle n’ait pas de formation spécifique en marketing ou en communication, elle s’est rapidement sentie à l’aise dans le monde de la récolte de fonds.
“J’avais un diplôme d’enseignante et de secrétaire médicale”, raconte-t-elle. “Quand MSF cherchait un(e) assistant(e) pour le service de communication, j’ai saisi cette opportunité. Parallèlement, MSF a commencé à développer la récolte de fonds. Peu à peu, mon intérêt a grandi et j’ai finalement pris la tête d’une équipe qui compte aujourd’hui plus de 15 personnes.”

Sa motivation était personnelle et puissante : “Les images à la télévision, les récits de catastrophes, et l’impact que nous pouvions avoir individuellement m’ont profondément touchée. Je voulais contribuer, apporter ma pierre à l’édifice. Cela me semblait une façon de faire un travail utile.”

Les défis des premières années

Les débuts de la récolte de fonds ont été une période de pionniers et de persuasion. « À l’époque, l’idée de la récolte de fonds n’était pas populaire  au sein de l’organisation », explique Marianne. “Nous devions convaincre de son importance tout en gagnant la confiance des donateurs.”

Avec des ressources limitées, les premières stratégies ont été élaborées. Le marketing direct, comme les envois postaux et les journaux d’information, était au cœur des actions. Un autre pas crucial a été l’investissement dans une base de données pour les donateurs.

Des jalons et des moments de fierté

Marianne se remémore de nombreux moments marquants de sa carrière. L’un d’eux fut le tsunami en Asie du Sud-Est en 2004.
“Les dons ont afflué du monde entier. Finalement, nous avons dû annoncer l’arrêt de la collecte, car les montants dépassaient nos besoins opérationnels.  C’est un moment particulièrement dur à vivre pour un fundraiser devant faire face aux gros titres dans les journaux du style ‘MSF a assez d’argent’ et l’incompréhension de certains donateurs face à l’ampleur de la catastrophe.  Après il s’est avéré que ceux-ci ont compris notre démarche et ont été satisfaits de notre réaction estimant que nous avons fait preuve de transparence.  Leur confiance en MSF en a été accrue. ”

Marianne garde également en mémoire la campagne contre Ebola en 2014:
“Nous étions l’une des rares organisations sur place et, grâce à notre appel, nous avons mobilisé des ressources considérables. Cela a non seulement permis de financer nos opérations, mais aussi renforcé notre visibilité et notre image d’organisation rapide et efficace.”

Un secteur en mutation

En 38 ans, Marianne a vu le monde de la collecte de fonds évoluer considérablement.
“À mes débuts, tout reposait sur le marketing direct”, se souvient-elle. “Mais une fois la situation stabilisée, nous avons dû diversifier nos approches. Nous avons encouragé les dons mensuels et ajouté d’autres canaux : face to face, partenariats avec des entreprises, télémarketing, campagnes sur les réseaux sociaux, legs, etc...”

La digitalisation a apporté des changements majeurs. “Nous sommes passés aux dons en ligne, avons affiné nos méthodes grâce à l’analyse de données, et découvert la puissance des réseaux sociaux. Cependant, le marketing direct, comme les envois postaux, reste encore aujourd’hui notre méthode la plus performante en termes de récolte de fonds.”

Donateurs : plus critiques, mais aussi plus fidèles

Selon Marianne, la relation avec les donateurs n’a pas fondamentalement changé, mais leurs attentes ont augmenté. “Les gens veulent savoir où va leur argent et quel impact il a. La transparence est devenue un mot clé de la collecte de fonds. Cette évolution a renforcé la nécessité de maintenir une communication ouverte et transparente via différents canaux.”

Néanmoins, des défis subsistent. “Parfois, des donateurs se désengagent si nos choix ne correspondent pas à leurs attentes, par exemple dans les zones de conflit. Les scandales dans le secteur peuvent aussi avoir un impact. MSF n’est pas épargnée mais nous optons pour la sincérité dans notre communication.”

L’avenir de la collecte de fonds

Marianne entrevoit un secteur en constante professionnalisation, mais confronté à des défis majeurs.
“Le marché des donateurs se sature, et il devient plus difficile de se démarquer dans un monde numérique. De plus, nous constatons que les jeunes générations, comme la Génération Z, privilégient souvent l’action concrète à l’appui financier. Leurs attentes et centres d’intérêt, comme la justice sociale et la durabilité, rendent les actions humanitaires plus complexes à financer.”

L’innovation et la technologie joueront un rôle clé.
“L’intelligence artificielle offre d’énormes opportunités, comme l’analyse avancée des données et les approches personnalisées. Mais là aussi, il faut expérimenter et apprendre. Chez MSF, nous allons commencer à explorer ces possibilités.”

Conseils pour la prochaine génération

Pour Marianne, le succès de la collecte de fonds repose avant tout sur les relations humaines. “Écoutez toujours vos donateurs et placez-les au centre de votre stratégie. Montrez-leur l’impact de leur soutien et soyez transparents. De plus, continuez à innover, adoptez la technologie, et encouragez votre équipe à prendre des risques et à apprendre de ses erreurs.”

Il faudra également tenter de maintenir le meilleur équilibre possible entre les différentes sources de revenus afin de minimiser les risques et d’autre part d’assurer une croissance durable à long terme.

Un message final et de nouveaux projets

Lors de son départ en mars 2025, Marianne souhaite surtout exprimer sa gratitude.
“Aux donateurs : recevez tout ma gratitude, sans vous, les missions de MSF ne seraient pas possibles. Et à mes collègues: continuez à croire en notre mission et à faire la différence.”

Pour l’avenir, Marianne a de beaux projets :
“Je veux passer plus de temps avec ma famille, voyager, faire du bénévolat et développer mon arbre généalogique. Et bien sûr, j’espère être invitée de temps en temps pour célébrer les succès de MSF!”

Grâce à sa passion et à son dévouement, Marianne Colpaert a posé, avec ses collègues, les jalons de la récolte de fonds chez MSF. Son histoire est une source d'inspiration pour les générations actuelles et futures de récolteurs de fonds.

Isabelle Bersani succédera à Marianne Colpaert chez MSF. Isabelle a travaillé pour UNICEF Belgique pendant près de 18 ans et après un intermède chez Greenpeace, elle travaille pour MSF depuis le mois de juin. Elle reprendra certaines des tâches de Marianne.

 

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